Coran : Quand est-ce que la mauvaise prononciation en arabe devient un péché ?

Mauvaise sortie du ضاد – ḍād, prononciation du تاء – tāʾ à la place du ﻇ – dhâ… Les erreurs de prononciation de la langue arabe sont fréquentes et diverses.

En général, l’erreur est à peine perçue par l’auditoire et le lecteur continue à lire son texte.

Mais lorsqu’il s’agit de la lecture du Coran, le Livre du Discernement, la Parole d’Allah, quelle attitude devons-nous adopter ? S’agit-il d’une erreur plus grave ?

Y a-t-il différents niveaux d’erreurs lorsqu’il s’agit de la prononciation du Coran ?

À quel moment l’erreur devient-elle “Haram” et constitue alors un péché pour le musulman qui la commet ?

Réponse complète dans cet article !

Le Coran est la Parole d’Allah révélée à Son Prophète Muhammad ﷺ, par l’intermédiaire de l’Ange Jibrîl عليه السلام.
Il contient la Parole Parfaite, celle qui reste valable jusqu’au Jour de la Résurrection,
celle qui reste la plus Haute, celle qui ne contient ni contradictions ni erreurs.

Allah a promis de préserver le Coran dans Sa Parole :

إِنَّا نَحْنُ نَزَّلْنَا الذِّكْرَ وَإِنَّا لَهُ لَحَافِظُونَ

Traduction rapprochée du sens des versets :

«En vérité c’est Nous qui avons fait descendre le Rappel, et c’est Nous qui en sommes gardien. »
(Al Hijr 15 V. 9).

Cheikh As-Sa’dî, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit dans son Tafsîr (exégèse du Coran) à propos de ce verset :

“Allah a préservé ses mots du changement, du rajout et de la diminution comme Il a préservé ses sens de toute altération.
De sorte qu’à chaque fois que l’on tente de modifier son sens, Allah met à la disposition (des croyants) quelqu’un qui rétablit la vérité évidente.
Ceci fait partie des plus importants signes d’Allah, de Ses bienfaits accordés à ses serviteurs croyants.”

Ainsi, la Parole d’Allah doit être prononcée à la perfection, le plus fidèlement possible à sa prononciation d’origine, celle révélée au Prophète ﷺ. Une erreur de prononciation peut entraîner de lourdes conséquences, notamment le changement de sens d’un mot. Et là, nous ne parlons pas d’un mot perdu au milieu d’un exposé en arabe, nous parlons bien d’un mot du Coran !

 

اللَّحْنُ : Les 2 niveaux d’erreur de prononciation

 

Le premier niveau : Al Lahn Al Khafî اللَّحْنُ الخَفِي

 

Al Lahn Al Khafî désigne l’erreur subtile ou dissimulée. Il s’agit d’une erreur de prononciation d’un mot ou d’une partie du Coran sans en changer le sens. Le jugement de ce type d’erreurs par les savants est “détestable” (il est meilleur de ne pas faire l’erreur). Mais celui qui la commet n’a pas de péchés par rapport à l’erreur. Ce qui lui est demandé est de faire l’effort de corriger cela.

Le deuxième niveau : Al Lahn Al Jaliyi اللحن الجلي

Al Lahn Al Jaliyi représente un degré plus grave dans les erreurs de prononciation du Coran. Il se compose des erreurs altérant le sens d’un mot. Et comme il s’agit du Coran, ce type d’erreur est bien évidemment interdit, notamment pour le lecteur conscient de ses manquements et ne faisant rien pour les corriger. Il est important de noter que ce type d’erreur peut amener au kufr, surtout si la personne en est consciente.

 
 

 

 

ÉTUDE DE CAS : 5 ERREURS GRAVES !

 

Passons maintenant en revue 5 erreurs graves que vous faites peut-être quand vous récitez le Coran.

Comme on l’a vu précédemment, il y a plusieurs niveaux de “gravité” dans اللَّحْنُ : nous allons donc voir 3 erreurs issues du 1er niveau (اللَّحْنُ الخَفِي) et 2 erreurs issues du second niveau (اللحن الجلي)

Exemples du 1er niveau – اللَّحْنُ الخَفِي

– 1ère erreur :

L’abandon d’une règle de Tajwid telle que : Al Ikhfa

Prenons l’exemple du 1er verset de la sourate Al Qadr :

إِنَّآ أَنزَلْنَٰهُ فِى لَيْلَةِ ٱلْقَدْرِ

Dans le mot ” أَنزَلْنَٰهُ “, une règle de Tajwid doit s’appliquer sur le Noun sakina (la lettre Noun avec soukoun) – نْ. Cette règle s’appelle Al Ikhfâ’ – الإِخْفَاء. Une Rounna (nasalisation) vient remplacer la prononciation complète de la lettre Noun – نْ. D’ailleurs, en fonction de la lettre qui suit le Noun Sakina – نْ, la nasalisation sera amincie ou emphatique.

Si la personne qui récite, néglige cette Rounna et prononce la lettre Noun – نْ de façon complète, elle aura commis une erreur, sans changer le sens du mot ni du verset.

 

– 2ème erreur :

Le mélange des règles de Tajwid concernant le Noun Sakina

Selon la position qu’occupe le Noun sakina – نْ dans un mot ou un groupe de mots, sa prononciation change. Des règles bien définies régissent la façon dont doit être prononcée cette lettre. Ces règles sont au nombre de 4 :

– El Izhâr : الإِظْهَار

– El Idrâm : الإِدْغَام

– El Ikhfâ’ : الإِخْفَاء

– El Qalb : الْقَلْب

Si le lecteur mélange ces règles et prononce la lettre Noun sakina – نْ selon une certaine règle alors que sa position dans le mot ou le groupe de mot se pliait à une autre de ces 4 règles, il a commis une erreur, sans changer le sens du mot ni du verset.

 

– 3ème erreur :

Mélanger l’emphase et l’amincissement d’une lettre (At-Tafkheem – التَّّفْخيم et At-Tarqiq – التَّرْقيق )

Selon le contexte entourant une lettre (la voyelle qu’elle porte, la voyelle la précédant…), celle-ci pourra être prononcée de façon emphatique – التَّّفْخيم – ou, au contraire, de façon amincie – التَّرْقيق. C’est la cas par exemple pour la lettre Ra – ر.

Si la lettre Ra – ر s’accompagne d’une Fetha ـَ, elle sera prononcée de façon emphatique. Si elle s’accompagne d’une Kesra ـِ elle sera au contraire prononcée de façon amincie.

Exemple :

رَبَّنَا : à prononcer avec emphase

رِزْقاً : à prononcer avec amincissement

Si le lecteur mélange ces deux façons de prononcer la lettre Ra, il aura commis une erreur, sans changer le sens du mot ni du verset.


Exemples du 2ème niveau – اللحن الجلي

– 4ème erreur :

La chedda est le dédoublement d’une lettre de la langue arabe. Lorsqu’elle se trouve sur une lettre, cette dernière est prononcée de façon accentuée. La prononciation de la chedda doit toujours être respectée. Sinon, le sens du mot peut s’en trouver modifié.

Exemple :

Dans la sourate Al Fâtiha, nous trouvons :

«إِيَّاكَ نَعْبُدُ » : qui signifie : “C’est Toi Seul que nous adorons.”

Mais si nous omettons la Chedda sur la lettre Ya – ي, cela devient :

«إِيَاكَ نَعْبُدُ » : qui signifie : “C’est Ta Lumière du soleil que nous adorons”, Allahu l musta’an !

 

– 5ème erreur :

On trouve dans le Coran : عسى الله
cela signifie : « Il se peut qu’Allah… ». (Pour Allah ceci a le sens de la certitude)

Mais si tu prononces la lettre « س » de façon grave, cela correspondra alors à une autre lettre de l’alphabet arabe « ص », et le sens deviendra : « Allah a désobéi » !

Article, infographies conçus par Maktaba-Tawhid.fr/Blog
En collaboration avec notre frère Jamali abou Hasnâ

Article tous droits réservés Maktaba-Tawhid.fr/Blog –

Modification, reproduction partielle ou totale sans autorisation interdite

 

Vous voulez réciter le Coran sans erreur ?

L’institut Al Madrassa vous propose de partir à la découverte de la science du Tajwid et bien plus encore avec son pass illimité !