5 erreurs que nous commettons vis-à-vis de la cause palestinienne

Depuis maintenant quelques décennies, la cause palestinienne constitue l’un des enjeux géopolitiques les plus sensibles de nos sociétés. Pour le musulman, cette cause revêt un caractère particulier puisqu’elle touche directement ses frères et sœurs en Islam. Pourtant, force est de constater que l’importance de cette cause semble s’effacer progressivement au sein de notre communauté. Notre sensibilité vis-à-vis des palestiniens serait-elle en train de s’essouffler ? Avons-nous d’autres manquements vis-à-vis de la situation en Palestine ? C’est à ces questions que nous tentons de répondre ci-dessous, avec, comme lumière éclairant nos arguments, les propos que Cheikh Raslan, qu’Allah le préserve, a formulés dans l’un de ses sermons du vendredi et faisant l’objet d’un livre.

Dans celui-ci, Cheikh explique notamment :

“Nous avons perdu de vue la cause palestinienne qui est pourtant une cause religieuse à part entière, de bout en bout. Et ce qui est en train de se produire, c’est la perte de sensibilité à l’égard de cette cause, parce qu’elle est absente de notre conscience collective. Et c’est ce qui nous empêche de distinguer la fin des moyens, ce qui relève de notre religion de ce qui relève de notre situation personnelle. Et nous suivons n’importe quel crieur.”

[Quand la Palestine nous reviendra-t-elle ? Cheikh Raslan]

Voyons donc ensemble quelques-uns de nos manquements au sujet de la situation particulièrement difficile que traversent nos frères et sœurs en Palestine et quels sont les domaines dans lesquels nous pouvons et devons nous améliorer.

1ere erreur : notre amour pour ce bas monde et l’éloignement d’Allah

Voilà l’un des arguments les plus forts que nous pouvons avancer à notre sujet ! Notre amour pour ce bas monde constitue l’une de nos plus grandes faiblesses.

Dans son ouvrage, Cheikh Raslan explique :

« Lorsque vous reviendrez à Allah, la Palestine vous reviendra. Car en effet, cette réponse est directement puisée dans les dires du Messager d’Allah ﷺ comme les ont recueillis Ahmad et Aboū Dāwoūd d’après la narration de Thawban affirmant que le Messager d’Allah ﷺ a dit : « Les nations se rueront sur vous venant de tous bords comme les convives sur leur plat.

Ils dirent alors :

– Ô Messager d’Allah, est-ce en raison de notre nombre infime ce jour-là ?

Il ﷺ répondit :

– Absolument pas, ce jour-là vous serez nombreux, mais seulement, vous serez semblables aux débris emportés par le torrent. Allah ôtera la crainte que vous inspiriez à vos ennemis de leur cœur et fera naître dans les vôtres Al-Wahn.

– Qu’est-ce que Al-Wahn, ô Messager d’Allah ? s’interrogèrent-ils.

Il ﷺ répondit :

– C’est l’amour de cette vie et la peur de mourir. »

Par conséquent, lorsque nous reviendrons vers Allah, Allah nous restituera ce qui nous a été spolié. En revanche, si nous persistons dans notre éloignement de notre Seigneur, nous perdrons tout ce qui se trouve entre nos mains. »

[Quand la Palestine nous reviendra-t-elle ? Cheikh Raslan]

Et nous demandons à Allah ﷻ de nous raffermir, de nous porter secours et de nous compter parmi ceux qui reviennent à Lui.

2ème erreur : Notre mauvaise connaissance et compréhension de ce qui se passe en Palestine 

Qui aujourd’hui, parmi les musulmans, est capable d’expliquer de manière concise et claire ce qui se passe en Palestine, aussi bien en Cisjordanie que dans la Bande de Gaza ? Qui est capable de citer deux ou trois événements clés de ces 70 ans de conflit ?

Et l’erreur provient aussi de la désinformation dont nous sommes tous victimes de la part de nombreux médias ayant la mainmise sur la retransmission des informations qu’ils jugent utiles de partager. Ainsi, il n’est pas toujours facile de démêler le vrai du faux et de bénéficier d’une information de qualité, impartiale, claire et relevant les événements se déroulant dans ces zones de conflit.

Concernant, le massacre de Sabra et Chatila, un épisode terrible pour les Palestiniens qui se déroula en 1982, Cheikh Raslan explique par exemple :

“Ils mirent à mort les Palestiniens et les massacrèrent. Il ne fut alors permis à aucun journaliste arabe ni au moindre journal de s’approcher du lieu des événements, d’en rapporter le moindre fait ni d’en filmer la moindre image. Les informations n’ont été transmises que par les émissaires étrangers parmi les mécréants, n’étant ni arabes, ni musulmans, ni Palestiniens.”

3ème erreur : Notre mémoire collective qui a tendance à flancher 

Nous le savons tous, les événements marquants d’une histoire, qu’il s’agisse de celle de la Palestine ou de tout autre territoire ou de tout autre peuple, sont véritablement marquants tant que notre mémoire et notre sensibilité les maintiennent en vie.

Mais lorsque notre mémoire, à la fois individuelle et collective, commence, au fil du temps, à faiblir, que se passe-t-il ? Les événements qui étaient autrefois “marquants”, le deviennent de moins en moins, jusqu’au jour où ils ne le deviennent plus.

À ce sujet, Cheikh Raslan explique :

“Combien de peuples ont dû, par le passé, panser des plaies profondes dans des effusions de sang, combien d’honneurs volés, de richesses spoliées… Puis, en raison d’une mémoire collective qui a tendance à flancher, ces événements ne sont devenus pour les peuples musulmans que de simples histoires que l’on raconte.”

Et puisque notre mémoire faiblit, aucune leçon n’est tirée des événements du passé. Cheikh Raslan dit d’ailleurs :

“On ne tire aucun enseignement, on n’entame aucune révolution intérieure afin de changer la trajectoire, la trajectoire du musulman dans sa façon de s’imposer à lui-même la religion d’Allah, Seigneur de l’univers et de se référer aux dires de l’élite des Envoyés.”

[Quand la Palestine nous reviendra-t-elle ? Cheikh Raslan]

Quel dommage lorsque l’on sait que l’histoire et les événements appartenant au passé peuvent servir à chacun d’entre nous à tirer des leçons, à se remettre en question et à se réformer !

4ème erreur : Nos mouvements de résistance ne sont pas fondés sur le dogme 

Parmi nos manquements et nos erreurs vis-à-vis de la cause palestinienne, il y a l’organisation de mouvements et de manifestations dans les rues soi-disant en sa faveur. À ce sujet, les savants de notre communauté se sont exprimés à maintes reprises, indiquant que ce genre d’acte ne fait pas partie de la Sunnah.

Cheikh Raslan, qu’Allah ﷻ le préserve, explique d’ailleurs :

“Le sentiment humain qui anime l’âme d’un individu le pousse à faire quelque chose lorsqu’il est le témoin d’une vaste injustice. Alors, ils agissent, certains sortant pour cette raison propre et ne faisant en finalité que dépenser leur énergie, qui, lorsqu’elle est dilapidée, produit malgré tout quelque chose par la suite. C’est donc à dessein d’user les forces et de les épuiser dans la lutte orale qui se perd ici et là, que l’on sacrifie l’énergie de cette communauté sur l’autel de l’innovation, qui ne donne jamais rien. Le but est donc délibérément défini mais ne donne jamais rien.”

5ème erreur : Se suffire des œuvres caritatives

Parmi les causes que nous pouvons accomplir pour tenter de venir en aide à nos frères et sœurs palestiniens et les soulager de leurs souffrances et de leurs afflictions, il y a bien évidemment les œuvres caritatives et le soutien aux associations agissant dans ce sens.

Au sujet des œuvres de charité en faveur de la Palestine, Cheikh Raslan explique d’ailleurs :

“Cela est une bonne chose et même une obligation sans aucune divergence pour tout musulman envers son frère. Car à fortiori, le Prophète ﷺ a dit : “Celui qui possède une monture supplémentaire, qu’il en fasse bénéficier celui qui n’en a point. Et que celui qui dispose de provisions supplémentaires en fasse profiter celui qui n’en a point…” [Recueilli par Mouslim]. […] Effectivement, c’est un devoir, dès lors que le musulman est dans le besoin, qu’il vit dans la promiscuité, que la faim ronge son estomac ou que le gel a recouvert sa peau.”

[Quand la Palestine nous reviendra-t-elle ? Cheikh Raslan]

Néanmoins, le musulman ne peut se contenter de cela car, comme nuance Cheikh Raslan, ce type d’actions bienfaisantes ne sert qu’à “traiter les symptômes sans avoir pour effet de déraciner la maladie à sa souche. De même, ce n’est pas la méthode de guérison prônée par la législation.”

À nous donc, de ne pas se suffire de cela et de tenter de venir en aide aux Palestiniens par d’autres moyens, notamment via le retour repentant vers Allah ﷻ.

Et nous demandons à Allah ﷻ de sauver nos frères musulmans palestiniens ainsi que leurs biens et leurs demeures et de dissiper leur peine. Et que les prières et les salutations d’Allah ﷻ soient sur notre Prophète Mouhammad ﷺ.

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